Egypte: Quand le football offre un avenir aux enfants réfugiés
Le football, c’est bien plus que la Coupe du monde. C’est aussi un formidable outil d’intégration. En Egypte, où vivent plusieurs millions de réfugiés et de migrants, Terre des hommes (Tdh) utilise le football pour aider les enfants à se reconstruire psychologiquement et socialement.
Des voix de femmes résonnent dans l’un des sept centres familiaux de Tdh au Caire. Les mères entonnent une chanson syrienne en frappant des mains. Une énergie positive se propage: c’est un morceau de leur patrie qu’elles ont emmené en Egypte. Doha, qui vit ici avec sa famille depuis cinq ans, accompagne ses chants par des mouvements de danse syrienne. La réalité n’a pas toujours été aussi douce: «Nous étions en fuite pendant un an et nous avons beaucoup souffert», dit-elle. «Quand nous sommes arrivés en Egypte, les enfants étaient très perturbés.»
«Le football permet aux jeunes de se reconstruire.»
Nos animateurs utilisent le football comme instrument de travail, afin d’aider les enfants à surmonter leurs difficultés personnelles: «Quand ils perdent, les enfants réfugiés ont l’impression qu’ils ne pourront pas se relever parce qu’ils ont déjà tout perdu pendant la guerre. Grâce au football, nous leur montrons qu’ils peuvent se reconstruire et atteindre un but dans la vie», explique Pasant Aly Mokhtar, responsable de l’équipe d’animation.
Transmettre des compétences clés
Dehors, les enfants jouent au football: ils dribblent, courent et marquent. Mais les enjeux sont bien plus grands. Khozayma Mohamed Mando, un de nos entraîneurs, explique: «Je ne veux pas que les enfants se contentent de jouer. J’aimerais qu’ils progressent jour après jour et qu’ils acquièrent de nouvelles compétences et s’intègrent socialement.»
Parmi les enfants qui participent à nos activités, nombre d’entre eux viennent de milieux défavorisés et expriment parfois leurs frustrations par des comportements agressifs. «Ensemble avec les enfants, nous avons élaboré un code de conduite et l’avons accroché au mur. Après quelques semaines, j’ai décroché la feuille. Ils respectent maintenant automatiquement les règles», dit Khozayma, en souriant, ne perdant jamais confiance en les enfants.
Favoriser l’intégration
En Egypte, la discrimination et le harcèlement racial à l’égard des réfugiés soudanais représentent un problème d’intégration majeur. Noor, une mère soudanaise, est assise à l’ombre d’un arbre pour regarder son fils Mohammed jouer. Elle est arrivée au Caire seule avec ses enfants, il y a un peu plus de cinq ans. Elle a peur du contact avec les inconnus. Avant chaque match, les enfants doivent former leur équipe à l’avance, mais n’ont pas le droit de les construire par nationalité. Ceci favorise l’intégration: Mohammed a ainsi commencé à échanger avec les enfants. «Le comportement de mon fils a changé depuis qu’il participe à ces activités», nous confie Noor en souriant.
Renforcer la confiance en soi
Certains enfants souffrent encore du fardeau de la guerre ou de la perte d’un membre de leur famille. D’autres ne se souviennent plus de leur maison, mais éprouvent toujours des difficultés à s’adapter à leur nouvel environnement. Lorsqu’ils participent aux entraînements pour la première fois, ils sont hésitants.
Le travail de Khozayma est d’améliorer leur confiance : «Il ne s’agit pas d’être le meilleur. J’accorde de l’attention et du soutien à tous, même aux enfants qui ont peu de compétences. Ici, l’état d’esprit est "tu peux le faire".»
Ceci est un extrait de notre magazine.
Crédit photo : ©Tdh/Jean-Luc Marchina