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12.06.2013 - Actualité

Maroc : « Petites bonnes » mais grandes victimes

Au Maroc , l’émergence de la classe moyenne pousse une partie des familles à vouloir paraître aisées alors qu’elles n’en ont pas forcément les moyens. Pour pouvoir s’offrir du personnel de maison, certaines n’hésitent pas à employer de jeunes filles de la campagne, peu chères et pas assez âgées pour se rebeller.

Les « Samsars », des intermédiaires issus des mêmes villages que les jeunes filles, les recrutent et les envoient en ville pour qu’elles y travaillent comme « petites bonnes », tout en promettant un revenu à leurs parents et une bonne éducation.

Comme l’explique, Rkia, coordinatrice de projets de Tdh au Maroc, les parents sont le plus souvent ignorants : «Un des problèmes principaux est le manque d’éducation des parents. Ils ne comprennent pas en quoi consiste le quotidien des filles placées en ville ». Pendant que les parents se voient octroyer une « paie » mensuelle, ils ne savent pas que leurs filles ne reçoivent pas d’éducation, qu’elles sont battues, malnutries, non soignées et qu’elles sont astreintes à toutes les tâches domestiques.

30’000 domestiques malgré l’interdiction dans la loi

Au Maroc, le travail des enfants de moins de 15 ans est interdit et une loi régulant le travail domestique a même été votée en 2011. Pourtant, près de 10% des enfants de 5 à 14 ans travaillent pour faire vivre leur famille et 30’000 d’entre eux sont employés comme domestiques.

Au-delà des chiffres, une réalité implacable : chaque année, des « petites bonnes » décèdent des suites des mauvais traitements de leur employeur. Bien que ces drames à répétition aient fini par pousser la société civile et le gouvernement marocain à se mobiliser et à mener des campagnes de prévention, pour Rkia les résultats se font toujours attendre: «Les gens ne sont pas au courant des nouvelles lois. Pourtant, des émissions les expliquent à la télévision, mais ils utilisent un vocabulaire absolument incompréhensible. Il faut savoir parler simplement et prendre le temps de dialoguer pour que le message passe. »

Protéger les « petites bonnes » et sensibiliser les familles

Au Maroc, Tdh plaide pour l’application stricte de la loi relative au travail des enfants. Elle souhaite mettre en place, de concert avec la société civile marocaine, un réel plan de protection des enfants victimes d’exploitation.

Les équipes créent un contact avec les employeurs afin de protéger les jeunes filles et de les réinsérer en s’assurant qu’elles ont un accès à l’école ou à une formation professionnelle, ainsi qu’aux services sociaux et de santé.

Elles mènent également des activités de prévention auprès des familles et des communautés aux risques du travail domestique et offrent des alternatives comme des activités génératrices de revenus.

Pour les sensibiliser, Rkia privilégie quant à elle le dialogue avec les chefs religieux des villages: «J’utilise notamment beaucoup la religion. Le Coran comporte des messages très clairs concernant la protection des femmes et des enfants. Je discute énormément avec les Imams des villages dans lesquels nous intervenons et je les convaincs de partager ces messages auprès des hommes au moment de la prière du vendredi. Se mettre à la place des villageois, parler leur langue, utiliser des images qui leur parlent, c’est la base de toute sensibilisation ».

Grâce à ses projets, en 2012, Tdh est venue en aide à 1583 enfants, sans compter le millier de parents soutenu et sensibilisé à la problématique.

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