Dans les prisons pour enfants de Bagdad
Son lieu de travail n’est pas des plus habituels. Malak Jumaah Madhi, travailleuse sociale de Tdh, se rend tous les jours dans les centres de détention pour enfants et jeunes à Bagdad en compagnie de ses collègues. Cette petite équipe, composée de dix travailleurs sociaux et d’un psychologue, s’engage pour défendre les droits et améliorer la situation de centaines d’enfants détenus en Irak.
A son arrivée, ils sont tous prêts et impatients. Les plus jeunes ont à peine neuf ans. Victimes de manipulation ou forcés, la majorité des jeunes incarcérés sont tombés entre les griffes de l’Etat islamique pendant le conflit et font aujourd’hui face à de lourdes peines car accusés d’avoir eu des liens avec l'organisation djihadiste. D’autres sont détenus pour des faits différents. Le travail de Tdh se fait sans distinction de leur chef d’accusation.
Les traumatismes et autres troubles psychiques comme le stress post-traumatique affectent particulièrement ces enfants qui ont grandi dans des environnements marqués par la violence. Cela s’exprime par des comportements agressifs, la colère, la dépression, des pensées ou même des tentatives de suicide. Face à cette détresse psychologique, les activités proposées par Malak et ses collègues permettent de leur apporter un peu de sérénité.
Malak Jumaah Madhi
« Nous offrons un soutien psychologique et psychosocial à ces jeunes grâce à des sessions individuelles ou en groupe. Ensemble nous faisons des exercices pour leur apprendre à gérer leur colère et leur stress, exprimer leurs émotions, résoudre des problèmes et des conflits, et prendre des décisions, » dit-elle.
Les sessions durent entre 45 minutes et une heure et sont participatives, c’est-à-dire que les enfants peuvent donner leur avis et dire ce qu’ils ressentent. « Les jeunes veulent être traités comme des êtres humains. Ils ont besoin de quelqu’un à qui se confier, ils ont besoin d’exprimer leurs sentiments. »
Les effets positifs se font rapidement sentir. « Les jeunes apprécient notre travail et remarquent les effets bénéfiques sur leur propre comportement. Il y a moins d’agressivité. L’un d’entre eux est venu me voir en disant : “Maintenant, lorsque je suis énervé, je me rappelle des étapes à suivre et cela diminue ma colère.” »
Dans ce contexte d’après-guerre, le système judiciaire est surchargé et les procédures prennent beaucoup plus de temps. A titre d’exemple, les enfants peuvent rester parfois jusqu’à deux ou trois ans en détention préventive avant d’être jugés, alors que le délai légal pour la majorité des cas est de six mois. « Notre travail est très important, car nous sommes la seule ONG ici à le faire », conclut la jeune femme.
Ce travail se fait en collaboration avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur irakiens, les autorités locales et le personnel des prisons. Pour compléter le soutien psychologique, notre équipe apporte également un appui éducatif et un soutien légal - via une organisation locale - pour que les droits de ces enfants soient respectés, et que les procédures soient justes et adaptées à leur condition. Afin d’assurer la durabilité de notre intervention, Tdh contribue à renforcer le système de justice juvénile irakien en formant les personnes qui y travaillent.
Crédits photo : © Tdh/Mélanie Rouiller – La photo d’en-tête est une photo prétexte.
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