Irak: Le lourd tribut humanitaire de l’après-Mossoul

Irak: Le lourd tribut humanitaire de l’après-Mossoul

Après 9 mois de combats, la fin imminente de l’offensive sur Mossoul ne sonne pas celle du calvaire des milliers de civils encore pris au piège dans la ville. Pas plus qu’elle ne met un terme à l’exode des populations en Irak. Les opérations militaires à venir des forces irakiennes et internationales contre d’autres bastions du groupe Etat islamique risquent d’entraîner d’importants déplacements dans les zones où Terre des hommes intervient, comme au camp de Tal Jarabia. Le point avec notre collaborateur Stephan Richard, actuellement en Irak. 

Des familles fuient encore 

La reprise de la seconde ville d’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis fait ressentir ses effets dans le Nord-Ouest du pays, où Terre des hommes mène des projets d’aide d’urgence aux déplacés internes. «Au-delà des espoirs qu'elle fait naître pour les habitants des zones contrôlées par le groupe Etat islamique (EI), la libération de Mossoul a paradoxalement un impact négatif sur la population des zones où nous intervenons», observe Stephan Richard, spécialiste en interventions et urgences humanitaires. «Les mouvements de combattants de l'organisation Etat Islamique fuyant Mossoul et tentant de rejoindre l’une des dernières poches de résistances, à Tal Afar, met en fuite des populations jusque-là épargnées par les combats». 

A 70 kilomètres de Mossoul, la ville de Tal Afar avoisine le camp de déplacés de Tal Jarabia, où Terre des hommes intervient depuis plus de 6 mois. «Les opérations militaires à venir, visant à libérer les dernières poches de résistance au centre (Hawija) et au Nord-Ouest (Tal Afar) vont probablement entraîner des déplacements de populations importants sur les zones où Terre des hommes intervient déjà en urgence depuis plus d'un an à Qayarrah, Sherqat, Tikrit, Kirkuk et Tal Jarabia», ajoute Stephan Richard.

Une aide d'urgence continue au camp de Tal Jarabia 

Le camp de Tal Jarabia abrite aujourd'hui environ 1650 familles. La plupart d’entre elles ont passé des heures sur des camions à plus de 45 degrés pour fuir le danger. Si le camp offre un répit, l’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins médicaux, à un abri et à la protection y sont limités, risquant la santé des enfants. «Cette situation pousse de nombreuses familles à poursuivre vers des camps à l’Est» décrit Francis Hughes, coordonnateur d’urgence en Irak. Les familles qui restent à Tal Jarabia ont généralement du bétail, leur unique source de revenu. Cependant, sans eau et ni nourriture, ces animaux sont voués à mourir.

Carte Irak

Tdh travaille jour et nuit avec d’autres ONG pour fournir aux enfants déplacés et à leurs proches de l’eau, des installations sanitaires, des kits d’urgence, d’hygiène et de cuisine, malgré des conditions climatiques extrêmes. «Pour éviter la chaleur et les tempêtes, nos camions partent de Qayyarah à une heure du matin afin d’arriver tôt à Tal Jarabia pour apporter l’aide d’urgence», explique Francis Hughes. En coopération avec d’autres ONG, Tdh va mettre en place une unité mobile connectée à deux forages dans le campement. Ainsi, nous pourrons fournir de l’eau potable aux familles sans avoir à transporter de l’eau par camion tous les jours. 

Tdh a adapté sa réponse humanitaire vers une présence quotidienne dans le camp: nous distribuons 120 litres d’eau tous les jours à chaque famille du camp et, dans les mois à venir, nous continuerons à protéger les enfants et leurs familles et à répondre à leurs besoins les plus urgents.

 

Crédit photo: © Tdh

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