Fin 2017, l’Irak a annoncé la fin de la guerre contre l’Etat islamique (EI) après la libération des dernières zones occupées par le groupe djihadiste. Un conflit qui aura duré trois ans et forcé des centaines de milliers de familles à fuir la violence. Qu’en est-il aujourd’hui des enfants et de leur éducation dans ce contexte d’après-guerre?
Si un nouveau chapitre commence pour les plus de 3,6 millions de personnes déjà rentrées chez elles en Irak, les familles sont confrontées aux destructions et à la dévastation. « Dans la culture irakienne, une maison, ce n’est pas juste quatre murs. C’est avant tout un lieu rempli de souvenirs », explique Intisar Rashid, agente de liaison de Terre des hommes (Tdh) en Irak. Pour les enfants qui se retrouvent privés de ce lieu de souvenir et qui ont vécu trois années traumatisantes, la situation demeure difficile.
Des zones comme Al-Anbar et Tal Afar ont été occupées par l’EI pendant trois longues années. Les enfants ont été exposés à la violence, ont été endoctrinés dans les écoles dirigées par le groupe djihadiste ou été cachés par leurs parents qui voulaient les protéger de cet endoctrinement. La guerre en Irak est à l’origine de multiples confrontations aux expériences traumatiques chez les enfants, du fait du déplacement, de la violence ou de la déscolarisation.
L’éducation des enfants est le point de départ du relèvement après le conflit. Et même si le conflit est toujours présent dans l’esprit de la population qui aura besoin de temps pour surmonter le traumatisme, garantir l’accès à l’éducation et empêcher l’abandon scolaire constitue la première étape pour assurer l’avenir durable du pays.
Surmonter les expériences traumatiques
En plus de distribuer du matériel pour aider les familles à retourner dans leurs maisons, Tdh s’emploie en priorité à assurer l’accès à l’éducation dans un contexte où des classes surchargées réunissent des enfants de tous les niveaux. Dans les écoles où nous menons des activités, nous commençons par évaluer à quel point l’enseignant est marqué par le conflit. « Il y a une crainte générale dans les écoles de voir l’EI revenir ou attaquer à nouveau par le biais de combattants cachés parmi la population », explique Cynthia Winkelmann, notre spécialiste de l’aide humanitaire. Les professeurs, qui jouent un rôle crucial dans la vie des enfants et de la communauté, reçoivent un soutien psychosocial pour les aider à faire face à la situation. Ils sont aussi formés à assurer une prise en charge adaptée des enfants qui ont subi des traumatismes dans des lieux où ils auraient dû être en sécurité. « Nous soutenons la résilience pour faciliter leur retour chez eux, et nous les aidons à acquérir certaines compétences essentielles qu’ils pourront mettre à profit pour surmonter les expériences traumatiques.» confie Marta Alberici, notre coordonnatrice chargée de la protection et de l’éducation des enfants en Irak.
Crédit photos: ©Tdh